Le nucléaire français avait été placé en sous-critique grâce à la bonne compréhension de mes articles scientifiques et à l’engagement de l’Elysée pour les mettre en pratique. Tout le monde a vu qu’une phase préparatoire avec des sources neutroniques sur les bras des coeurs avait causé des problèmes de fissure sur plusieurs réacteurs, liées au fait que cette mauvaise configuration imposait en réalité de pressuriser (et donc d’avoir un réacteur critique…) pour tirer les neutrons jusqu’au coeur. Cette phase préparatoire a été suivie d’une application plus scrupuleuse, avec des sources de neutrons mieux positionnées. Cependant, la ministre Pannier-Runacher a appelé en avril 2023 à une augmentation de la production, “30% de production d’électricité sur la base nucléaire en plus” (source : Les Echos Investir). Je présume que les cuves étaient usuellement à Keff =0,7 et que Mme Pannier-Runacher voulait du 100%. Voyant sans doute les profits liés à l’exportation d’électricité chez nos voisins moins dotés ? Chacun sait que dans les centrales 3000 MWth sont nécessaires pour 1000MWe en criticité. Le passage au sous-critique permet de réduire la différence entre ces deux chiffres en réduisant les pertes thermiques.
Le Figaro rapporte qu’au mois d’août la production d’électricité nucléaire d’EDF s’est établie à 23,9 TWh, supérieure de 5,8 TWh à celle du même mois en 2022. En août 2022 la maximale à Paris était de 32°C avec un record à 39°C et une minimale à 19°C (source historique-meteo.net). En 2023 on trouve des températures maximales supérieures à 43 voire 44°C en France. Pour citer Meteofrance.com, la vague de chaleur tardive a été “plus sévère que la canicule de juillet 2022 (31 juillet au 13 août 2022) et se classe au 2ème rang derrière la canicule historique d’août 2003”.
L’apport touristique aux températures ambiantes (voitures supplémentaires, climatisations supplémentaires…) est bien sûr à intégrer dans les observations, il explique toute la hausse des températures sur la Côte d’Azur cette saison, expliquant aussi pourquoi le Nord de la France a été relativement épargné cet été, a contrario des pics observés “de la région Bourgogne-Franche-Comté à la région PACA ainsi qu’en Occitanie” avec “localement 2°C” de dépassement de la normale.
Il semblerait effectivement qu’EDF n’ait écouté que partiellement la ministre. La production d’électricité nucléaire a progressé de 24% par rapport à août 2022 selon le Figaro. BFM TV annonce une progression de 7,9% de la production nucléaire cumulée fin août par rapport à 2022.
Les centrales nucléaires avaient été rendues sous-critiques en commençant par celles à proximité de l’Allemagne pour des raisons sans doute diplomatiques vis à vis des Verts allemands. Le mouvement de mise en sous-critique s’est clairement de là développé dans la moitié nord du territoire. Les données de Meteo-Paris.com sur 2023 montrent par exemple une légère baisse des températures dans la région de Gravelines par rapport à la moyenne 1991-2020. La différence explique une bonne partie des températures record dans le Sud, aux côtés de la masse de vacanciers. EDF a visiblement préféré ne pas toucher aux installations de sous-criticité dans les centrales du nord du pays pour éviter la canicule dans les régions où les habitants n’ont pas l’habitude de très fortes températures estivales, et remettre en criticité celles du sud du pays pour faire suite à la demande de la ministre. Le déficit de pluie en août 2023 (source Meteo-Paris.com) suggère même que nombre de centrales étaient à Keff=0,33 selon mes conseils (article International Journal of Physics 7-4-3), et ont été brutalement remises à un Keff de 1 (sur le Blayais, Golfech et une partie de Tricastin et de Civaux certainement).
